Elle était baie, c'est à dire qu'elle avait une robe marron et des crins noirs. La race comtoise à cette époque (1960) n'était pas fixée. Dans les villages, bien après la guerre, il y avait des chevaux de toutes tailles et de tous poils. Mais, pour moi Dorette était forcément la plus belle. J'aimais la conduire assise sur le plateau de la voiture à foin. Je faisais claquer les rênes sur sa croupe et... hue Dorette ! Dans les rues du village, peu de voitures, on pouvait en rentrant du champ, laisser le cheval boire à l'abreuvoir sans gêner la circulation. J'ai le souvenir d'une aventure extraordinaire.
Mon grand-père nous avait juchées ma soeur et moi, sur le dos de la jument. Ainsi assises sur le harnais qui nous talait les cuisses, nous traversâmes le village en direction du canal. Je voyais défiler la rue et les maisons au travers du lourd collier de la jument. Nous allâmes ainsi, jusqu'aux champs, bercées par le pas calme de la jument et le tintement des chaînes du harnais.
Nelly